Cette fois, on à attendu avant de l’annoncer, même aux proches car on n’avait pas envie de devoir annoncer qu’en fait non, encore une fois.
Le début de la grossesse se passe sans encombre jusqu’à ce que Manon ait à nouveau des pertes comme la dernière fois, accompagné cette fois de contractions. Une collègue médecin lui fait une échographie et on constate que le fœtus est en train de se décoller de la paroi utérine… C’est la 2eme fois, on connait la chanson… Ce médecin lui prescrit quelques jours de repos mais est pessimiste sur la suite, elle ne souhaite pas donner de faux espoir.
Quelques jours plus tard, Manon a rendez-vous chez le gynécologue et, pendant l’échographie, on constate qu’en fait le fœtus s’est raccroché à la paroi et qu’il continue son développement normal ! Il nous explique aussi que les contractions que Manon ressent sont de fausse contraction, appelé contraction de Braxton Hicks. On comprend également que les quelques jours de repos forcés ont contribués à ce que ça aille mieux, alors elle demande au gynécologue quelques conseils pour éviter que ça se reproduise. Le gynécologue lui dit qu’à part du repos, il n’y a rien à faire mais lui dit également qu’il ne lui prescrira pas de repos, car ce genre d’arrêt de travail coute cher à la sécurité sociale.
Vous le savez maintenant, Manon n’est pas du genre à se laisser faire, et elle lui explique qu’il est hors de question qu’elle revive ce qu’elle vécu il y a quelques mois et lui fais bien comprendre qu’il a intérêt à faire quelque chose. Il consent, à contre cœur, à la mettre en « grossesse pathologique » et lui jette, littéralement, l’attestation au visage. Même si on n’a pas trouvé ça correct du tout, on a fait avec car on savait qu’on mettait toutes les chances de notre coté pour que ça se passe le mieux possible. La seule consigne qu’on a eue, en dehors du repos le plus strict possible, c’était qu’en cas de saignement, on allait directement aux urgences.
Lors de la première grossesse on a changé plusieurs fois de gynécologue car leur comportement était à chaque fois limite, aussi bien dans leur propos que dans leur approche. Seule la sage-femme était attentionnée, ce qui nous avait alors motivé à faire tous les examens qui ne nécessitait pas de voir absolument un gynécologue avec elle. Cette fois, étant donné le coté pathologique de la grossesse et la nécessité du renouvellement de l’arrêt de travail, presque tous les rendez-vous devaient avoir lieux chez un gynécologue.
Pendant une visite de routine, on a pu entendre son cœur battre pour la première fois. Ce moment fait un sacré effet car, c’est à ce moment-là qu’on prend conscience que c’est vivant, un cœur est en train de battre, une vie prend forme. C’est aussi à cet instant que j’ai compris le point de vue de ceux qui luttent contre l’avortement. Je ne soutiendrais jamais leur cause car leurs mouvements sont violents, leur approche souvent trompeuse et ils utilisent un vocabulaire beaucoup trop violent psychologiquement et préfèrent voir des enfants dans la précarité la plus total plutôt que pas d’enfant du tout, mais aussi et surtout que, selon moi, c’est à la femme de décider et personne d’autres, et ce, sous aucun prétexte.
Juste, pendant un instant, j’ai pris conscience que c’était vivant, vraiment.
En en discutant avec Manon, j’ai aussi appris qu’une femme ne pouvait pas se faire ligaturer les trompes à sa guise, que les médecins pouvaient refuser s’ils considèrent que la femme est trop jeune ou si le mari n’est pas d’accord ! autant, je peux comprendre, quand on a entendu un cœur battre que ça puisse faire douter, autant là, ça me dépassait complètement. Cette idée qu’une femme ne puisse pas décider seule de ce qu’elle veut concernant sa propre capacité reproductive…
C’est aussi lors de cette conversation que j’ai appris qu’une grossesse passé 35 ans est considérée comme gériatrique… Je ne sais pas s’il y a une vraie raison biologique à ce choix, mais associer 35 ans et gériatrique, ça fait quand même un peu bizarre…
Manon ne voulait pas connaitre le sexe alors que moi oui, du coup, on avait décidé que j’aurais l’info et pas elle. Mais mademoiselle, à peine développée, a décidé qu’on saurait tous en en nous dévoilant ses capacités d’acrobate intra-utérin : elle nous fait une galipette pendant une échographie. Bon, et bien ce sera une fille, plus de surprise !
A la base, on avait visité une clinique privée pour accoucher. Celle-ci proposait des chambres plutôt sympas afin que les moments apres accouchement soient plus intimes que lors d’une chambre partagée, comme dans le publique. Plusieurs options s’offraient à nous et on a même eu droit a une visite guidée digne d’un hôtel de luxe ! La plus grande chambre permettait d’accueillir 4 personnes en plus du nouveau-né ! Non pas au cas où on ne sache pas trop qui est le père ou pour faire une soirée accouchement entre amis, mais bien pour accueillir les frères et sœurs directement sur place afin que toute la fratrie puisse passer leurs premiers jours tous ensemble.
On aura fait cette visite pour rien car, même si le développement de Zoé se passait bien, d’apres les échographies, il y avait quand même 3 soucis : Elle était en siège, ce qui complique l’accouchement, elle avait le cordon autour du coup et elle était en dessous de la courbe de croissance attendue, ce qui annonçait un petit bébé et de possible complications. De plus, Manon tenait à accoucher par voie basse et que la césarienne ne soit prévue qu’en dernier recours. Or, la clinique privée ne gère pas les urgences néo-natales, les risques étant important, on a donc été contraint d’aller à l’hôpital publique.
Au 6eme mois, on commence à se dire qu’il faudrait choisir sérieusement un prénom, les parrains et marraines, ect… On a eu beaucoup de difficultés à se mettre d’accord sur les prénoms, mais on s’est arrêté finalement sur Charlie et Zoé, mais on n’arrivait pas à choisir, donc, on a décidé qu’on choisirait au moment de la naissance et que l’autre prénom serait son 2eme prénom.
Pour le parrain, c’est Manon qui décide, elle a choisi un de nos amis les plus proche, Alban, et pour la marraine, c’est moi, et j’ai choisi la plus âgée de mes cousines, Émilie. On avait un peu peur de leur proposer car on avait aucune idée de leur réaction et tous les 2 ont été particulièrement heureux d’avoir été choisis, et ce qui nous a beaucoup rassuré !
Entre temps, Manon, prévoyante, avait préparé une valise prête dans la voiture, au cas ou on avait besoin d’aller à l’hôpital en urgence.
De mon côté, je lui avais créé une adresse mail ou je lui raconte un peu tout ce qu’il se dans nos vie, je lui parle globalement de tout ce que j’ai abordé ici, la première fois qu’on a entendu son cœur battre, pourquoi on a choisi ces prénoms, son parrain et sa marraine, la photo de la première échographie, ect… Manon et moi lui avons envoyé quelques mails pendant la grossesse et on partait du principe qu’on le ferait régulièrement tout au long de sa vie et que, quand elle aurait l’âge, on lui donnerait les accès.
Il existe un geste médical qui permet de retourner un bébé qui est en position de siège afin de le mettre dans une position plus optimale, cette manœuvre s’appelle une « VME » (pour Version par Manœuvre Externe). On prend rendez-vous pour le faire avec une spécialiste à l’hôpital et apres 30 minutes et plusieurs tentatives, on a l’impression que ça a marché, quand, apres vérification, elle avait déjà reprise sa position initiale et avait l’air, en plus, de s’être s’agrippé au placenta. Impossible de la faire bouger maintenant. Je suis convaincu que, si elle avait pu nous faire un doigt, elle l’aurait fait.
Alors que le terme approchait à grand pas, Manon a de petits saignements et comme l’avait demandé le gynécologue, on est allé aux urgences. Étant donné qu’on était allé le voir quelques jours auparavant, on s’est dit que ces saignements ne devaient pas être trop grave, on se voyait faire l’aller-retour rapidement, en gros.
Une sage-femme l’examine et ce n’était pas un petit saignement mais la petite demoiselle qui avait décidé de pointer le bout de son nez en avance !
Merde, j’étais pas prêt…
NOTE
Je suis conscient que ce post est un peu plus décousu que les autres, bien que j’ai tenté de tout raconter dans l’ordre. Il faut savoir que Manon relit tous mes textes, corrige les fautes qu’elle trouve et m’aide souvent à recoller les morceaux chronologiquement, et je dois avouer que pour celui-ci, j’en ai eu bien besoin!
Manon m’a rappelée qu’on a tous les comptes rendus des medecins et de réanimation, ce qui va aussi m’aider pour parler de certains moment que j’avais oublié et j’ai un peu peur de remettre le nez dedans, je l’avoue. Du coup, hier soir au moment ou j’écris ces lignes, on à eu envie de revoir des photos et vidéos de Zoé ensemble, ce qu’on fait rarement car ce sont des moments particulierement difficiles, mais hier soir, c’était un chouette moment.