Le premier exemple de parentalité qu’on a, ce sont nos propres parents. Ensuite, on grandit, on se fait des amis et on voit d’autres parents, on grandit encore et on finit par avoir notre propre vision du monde. En fonction de comment nos parents nous ont élevés et de notre évolution personnelle en tant que personne, on reproduit, adapte ou change radicalement de façon de d’éduquer nos propres enfants. Ça peut aussi conditionner notre envie d’avoir des enfants.
Je vais raconter les choses de façon assez chronologique, mais moi, j’ai appris l’existence de certains évènements il y a quelques années seulement.
Je sais que les gens changent, j’en suis moi-même le parfait exemple car j’étais vraiment un connard quand j’étais plus jeune et différents événements de la vie, surtout coté santé, m’ont fait changer.
Manon aussi m’a fait changer et j’en suis convaincu, pour le meilleur.
Quand j’avais 10-11 ans, ma grand-mère me disait souvent : ne fait jamais d’enfant. C’est difficile pour un enfant de cet âge-là de comprendre pourquoi, une maman de 6 enfants nous dit ce genre de choses.
Je pense que c’est un discours, ou du moins une impression qu’elle devait déjà donner à ses propres enfants. Ma mère, l’ainée de la fratrie, avait un caractère assez rebelle à ce qu’on m’a raconté, et avait donc une fâcheuse tendance à faire les choses par esprit de contradiction.
Mon origine
Ma mère rencontre mon père assez jeune, elle n’a que 18 ans et elle tombe rapidement enceinte de moi. Je ne connais pas la date exacte, mais ils se sont mariés assez vite pendant sa grossesse.
Au moment de me reconnaitre, mon père va à la mairie avec un de mes oncle qui est aussi mon parrain. Je ne sais pas ce qui va suivre est vrai, on me l’a raconté comme ça et j’aime bien cette histoire, alors je vais la raconter tel qu’elle m’a été raconté. Je sais que mon père et ma mère étaient d’accord sur mon prénom, Christophe, mais mon père avait un doute sur un 2eme prénom. Mon grand-père me surnommait « Clovis » avant ma naissance, c’est donc naturellement que mon oncle dit à mon père que ma mère a choisis Clovis comme 2eme prénom. Mon père a quand même un doute, mais mon oncle lui dit « tu es sûr de vouloir revenir la voir sans avoir donné tous les prénoms qu’elle a choisis ? ». Ça en dit déjà long sur l’impression qu’elle donnait, même a son propre conjoint. Mon père m’a donc donné comme 2eme prénom Clovis. Et bien en fait non, c’était pas du tout prévu, je ne devais pas avoir de 2eme prénom, c’était une blague de mon oncle à ce moment-là. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ensuite, mais vous comme moi ne pouvons que l’imaginer…
J’aime bien cette histoire, car elle laisse penser qu’une partie de mon identité est une blague.
Je suis donc née le 21 septembre 1982 et 13h21 pour être tres précis. Et le nombre 21 va me suivre toute ma vie, ce qui va parfois me conditionner à croire en des coïncidences, l’astrologie et ce genre de choses et même si ce n’est plus le cas aujourd’hui, je me surprends parfois à avoir encore ce schéma de penser, surtout lorsqu’il a s’agit de Zoé et qu’une suite d’événements allant dans la même direction nous a laissé penser que tout allait bien se passer pour elle. J’ai prévu un post complet à ce sujet car, en plus de le mériter, c’était assez troublant.
A ce moment-là, toute la famille vit à Chambéry, ma mère est la seule majeure de la fratrie donc mes oncles et ma tante vivent encore chez mes grands-parents. Ma grand-mère est femme au foyer tandis que mon grand-père est militaire de carrière et est souvent en déplacement.
De mes parents à mes grands parents
À Chambéry, il y a un grand marché dans un quartier populaire ou la famille aimait aller le WE. Ma grand-mère croise ma mère, elle est seule, elle lui demande donc où je suis. Ma mère répond que je suis avec mon père à leur appart. Jusque-là, rien d’anormal.
Plus tard, ma grand-mère va croiser mon père, mais lui aussi est seul, je ne suis pas avec lui, alors elle lui demande ou je suis, et il lui répond que je suis avec ma mère, à l’appart.
Vous sentez les problèmes venir et vous avez raison
La personne qui m’a raconté cette histoire est l’un de mes oncles qui accompagnait ma grand-mère à ce moment-là, ma grand-mère a immédiatement demandé les clefs à mon père et s’est rendu à leur appartement, pour m’y trouver, seul, dans une chambre sans lumière. Je pense que ça a un peu marqué cet oncle qui était présent à ce moment-là car je sentais qu’il n’était pas à l’aise quand il m’en parlait.
Ce jour-là, mes grands parents ont dit à mes parents : on récupère Christophe ou on vous dénonce aux services sociaux.
C’est comme ça que j’ai finit par vivre chez mes grands-parents presque toute mon enfance.
Il y a peu, j’ai trouvé une lettre signée par mon père ou il me « cède » à mes grands-parents. Je n’ai pas réussi à la retrouver donc je ne me rappel plus de termes, mais en gros, la teneur c’était ça.
J’avais 1 an et demi quand cet évènement a eu lieux et ma mère ne sait pas que je sais tout ça.
Mon oncle me l’a dit, car, c’est la veille d’un repas chez lui que je suis tombé sur cette lettre et je lui en ai parlé quand j’étais chez lui.
C’est un peu comme si j’avais été adopté par mes grands-parents, qui m’ont élevé, à peu de choses près, comme si j’étais l’un de leurs enfants. Et ça, bah ce n’est pas passé auprès de tous mes oncles. Ma tante et un de mes oncles en particulier m’ont toujours fait ressentir que j’étais en trop. Bernard, dont je parlais la dernière fois, avait l’air assez indiffèrent, mon oncle qui est aussi mon parrain était content pour moi, quand à l’oncle qui m’a parlé de tout ça, je pense qu’il l’avait aussi un peu mauvaise, surtout au début. Mes rapports avec tout ce beau monde ont évolué au fils du temps, et ce n’est pas le sujet donc je ne vais pas approfondir ici.
Un beau jour, mon grand père est muté en Nouvelle-Calédonie, on est encore dans la période tendue entre 84 et 88, lors de la période qu’on appelle pudiquement ici « les événements ». Tout le monde part pour la Nouvelle-Calédonie, moi y compris, mais sans ma mère qui a un travail à Chambéry, elle nous rejoindra quelque mois plus tard. Je sais qu’elle et mon père étaient déjà séparé à ce moment-là.
Presque toute la famille vit dans une grande maison que mon grand-père a achetée et ma mère rencontre des hommes plus ou moins sympa. Jusqu’au jour où elle rencontre un gars (notez le recul que je prends en parlant de lui), qui, dans un premier temps, vit chez mes grands parents et puis finalement, ils partent vivre dans une maison qui lui appartiendrait dans une commune voisine.
De mes grands parents à ma mère
J’ai 6 ans quand ma mère décide que je dois vivre avec elle et mon beau père. Je n’ai clairement pas envie d’aller avec elle, même si mon beau père est cool avec moi, au début. Sa mère en revanche, ne m’aime pas et je le ressens assez vite, elle ne le cache vraiment pas.
Je rencontre à ce moment la Gabriel, qui est dans la même classe que moi au CP et qui habite, littéralement, de l’autre coté de la rue. J’en parle car on est toujours amis aujourd’hui et il jouera un rôle important au décès de Zoé.
Je me souviens d’avoir passé mon 7eme anniversaire là-bas, et je n’en ai pas souvenir heureux. Enfin, je ne m’en souviens pas, mais quand j’y repense, je ressens de la tristesse et c’est tout.
Un soir, je suis rentré un peu tard de chez Gabriel, qui, je le rappel, habite de l’autre coté de la route. Ma mère est particulièrement en colère, je ne comprends pas car c’est « juste » un peu de retard sur l’heure prévu et elle savait exactement ou j’étais. Elle me fait venir au fond du jardin et me frappe avec le tuyau d’arrosage. C’est la 1ere fois qu’on levait la main sur moi et je me souviens tres bien de ce moment, mais aussi de ceux qui ont suivis.
Ma mère et mon beau père ont l’opportunité de reprendre un magasin dans une des iles loyautés, à Lifou, et je suis donc partie avec eux. Je me souviens du voyage, celui-ci était de nuit en bateau, j’ai dormi dans une sorte de hamac et le gars en dessous de moi avait plein de plaie béantes et infectées, ça me dégoutait.
Là-bas, j’ai vécu un enfer.
Ma mère est tombée enceinte de mon beau père, et ce dernier a commencé à devenir violent avec moi, physiquement et psychologiquement. Par exemple, c’est lui qui s’occupais de moi le matin avant que j’aille à l’école, et il a finit par m’interdire de prendre mon petit déjeuner. Je me souviens me le préparer en cachette pour pouvoir manger quelque chose. C’était aussi le cas pendant la période ou ma mère est retourné à Nouméa pour accoucher de mon 1er frère, j’avais une peur bleue de me retrouver seul avec lui.
La maison ou l’on vivait juxtaposé un dépotoir, et la fenêtre de ma chambre donnait directement dessus, je voyais les rats s’y balader.
Je n’avais pas le droit à des jouets, car je ne devais pas avoir l’air d’être privilégié par rapport aux entre enfants, qui me détestait et je ne savais pas pourquoi (maintenant je sais : ma couleur de peau). Les jouets étaient stockés au-dessus d’une armoire, bien en vue mais inaccessible.
A force de m’en prendre plein la gueule sans comprendre pourquoi, je me suis mit à faire des conneries : voler des trucs, entre autres, je me disais, au moins, je me fais taper dessus pour une bonne raison ! Mon beau père s’en est rendu compte et l’a dit à ma mère qui s’est mise en colère comme je ne l’avais jamais vue et qui m’a frappé avec une ceinture type militaire. Les petits trous pour y fixer la boucle avait éclaté ma peau à l’impact.
Cette période a marqué ma chair mais aussi mon esprit. De plus, elle a coïncidé avec la naissance de mon frère et pendant longtemps, j’ai associé les 2, c’est-à-dire mon frère à cette violence que je subissais. Quelque part, c’était lié, mais ce n’était pas de sa faute et j’ai mis du temps avant de pouvoir dissocier les 2.
Une fois, j’ai eu un de mes oncles, celui qui est aussi mon parrain, qui est venu en vacances à Lifou. Je tente de l’alerter sur ce qu’il se passe, mais le comportement de mon beau père, cool et déconneur, laisse penser que c’est moi qui aie l’air de raconter n’importe quoi.
Les choses se sont de plus en plus compliquées dans les mois qui ont suivis la naissance de mon frère et mon beau père m’en faisait voir de tous les couleurs. Il me faisait marcher pieds nus sur des récifs acérés et pour m’apprendre à nager il me faisait croire qu’il allait sauter avec moi dans l’eau, en me tenant la main, alors qu’il m’y j’étais tout simplement. Ce moment m’a marqué car en ouvrant les yeux sous l’eau j’y ai vu une carcasse de voiture. Je déteste me baigner à la mer aujourd’hui, je me demande bien pourquoi…
Aussi, on mangeait du riz à presque tous les repas. Il m’aura fallut 10 ans de pouvoir apprécier d’en manger à nouveau.
Dans la famille, on n’aimait pas les chats, moi, je ne savais pas pourquoi on n’aimait pas les chats, mais puisqu’on n’aimait pas les chats, alors je n’aimais pas les chats non plus. Un soir, un chat entre dans ma chambre, se cale contre moi et ronronne. J’ai adoré ce moment. C’est l’une des rares fois où je me suis sentit bien à Lifou et depuis, j’aime les chats :p
Retour chez mes grands parents
Je ne sais pas comment, mais tout ça a dû remonter aux oreilles de mes grands parents qui m’ont repris avec eux, et mon grand père a trouvé un travail dans une mine dans le nord de la grande terre, à Houaïlou.
J’ai pris conscience qu’à Lifou je n’étais vraiment pas heureux car à Houaïlou, ça n’avait rien à voir. Certes, je me faisais engueuler quand je faisais une connerie, mais c’était bien parce que j’avais fait une connerie et même si mon grand père me faisait un peu peur quand il se mettait en colère, il n’a jamais levé la main sur moi.
A cette période de ma vie, je me suis dit une chose : désormais, je ne passerais plus une seule journée sans rire au moins une fois. Et depuis, je ne déroge pas à cette règle, tellement pas, que pour beaucoup de mes amis j’étais le rigolo de service, certains ont mit du temps avant de me prendre au sérieux et de se rendre compte que je pouvais l’être, dans ma vie personnelle mais aussi dans mon travail, et c’est parce que ma réputation m’a précédé dans mon domaine professionnel qu’on a commencé à changer son regard sur moi. Parfois c’était difficile, mais au fond, ça ne me dérangeait pas, si c’est de la joie que je laisse sur mon passage, ça me va.
Même si les choses se passaient infiniment mieux à Houaïlou, il y a quand même eu 2-3 événements qui m’ont marqué, certains positivement, comme l’arrivé de mon premier chien, Clop, que j’ai adoré, mais aussi un moment particulier, qui m’a beaucoup marqué.
Mon oncle Bernard était militaire pendant la guerre du Golfe, et ma grand-mère me demande de lui écrire pour le soutenir. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais écrire à la main me crispe, j’ai des douleurs vives qui apparaissent tres rapidement et au bout d’une demi-page, je suis en sueur et il faut que j’arrête quelques minutes si je veux pouvoir continuer. Cette crispation me fait écrire par à-coup chacune de mes lettres, j’écris donc tres tres mal. Donc, au bout de la 3eme fois qu’elle me fait ré écrire cette lettre, car j’écris trop mal, elle me dit : « lui écrire aussi mal, c’est comme si tu lui disais : va te faire tuer ! c’est lui manquer de respect ».
Je n’avais pas envie de lui manquer de respect, mais je ne savais pas comment faire pour écrire bien.
Je déteste écrire à la main depuis. Mon écriture s’est même dégradée depuis et j’ai vraiment une sensation de stress quand j’écris, je repense à ce moment presque systématiquement, même quand il s’agit d’écrire une valeur en lettre sur un chèque.
On retourne à Nouméa et je suis à la fois casse coup et rebelle, je pense que je fais ma crise d’ado un peu à l’avance. La menace préférée de mes grands-parents c’est : si tu continues, on t’envoie vivre chez ta mère !
Retour chez ma mère, encore
Depuis, ma mère est revenue de Lifou pour retourner vivre dans la maison ou j’avais vécu avec eux au Mont-Dore. Un jour j’ai dû trop en faire et mon grand-père a mis sa menace à exécution, il me renvoi chez ma mère… Bon, je suis plus grand, je dois avoir 12-13 ans l’époque je pense, c’est assez flou, mais je me rappel de quelques détails : on ne vivait plus dans la grande maison, ou il y avait de la place pour une famille de 4 personnes, maintenant, y vivait le frère de mon beau père, seul. Nous, nous vivions dans un « grand » abris de jardin transformé en 2 pièces pour l’occasion, qui n’avait ni douche, ni toilette. On devait aller à côté, chez la mère de mon beau père car celui qui vivait dans la grande maison ne voulait pas qu’on utilise la douche.
Je ne tiens pas tres longtemps dans ces conditions et je finis vite par retourner chez mes grands parents ou ça se passe mieux, je fais moins de conneries, faut dire que ce séjour m’a calmé.
Entre temps, ma mère est tombée enceinte d’un 3eme enfant, mon 2eme petit frère. Mais ça commence à mal se passer entre mon beau père et ma mère. Elle se rend compte qu’il lui mentait sur tout, qu’il faisait croire qu’il travaillait alors qu’il ne travaillait pas, que parce qu’il avait des dettes, il a dû céder sa maison a son frère, ect…
Quelques années plus tard, pour des raisons pratique, je retourne chez ma mère, en effet, le collège était un peu loin de chez mes grands parents et ceux-ci commencent à se faire vieux, ce n’est pas forcément simple pour eux de me gérer. Même si je n’ai pas oublié le comportement de ma mère vis-à-vis de moi pendant toutes les périodes ou j’ai vécu avec elle, elle était à chaque fois avec ce gars, je me disais donc que sans lui, ça irait peut etre un peu mieux.
Ma mère s’installe donc seule avec ses 3 enfants, dans un logement social à 2 pas du centre-ville de Nouméa. J’ai une voisine qui s’appel Vicky avec qui je m’entend tout de suite bien ainsi que sa voisine à elle, Yasmina. Je vois toujours Yasmina de temps en temps mais Vicky ne me parle plus du tout et j’ai aucune idée de pourquoi. Pendant qu’on était en France pour Zoé, j’ai tenté de reprendre contact avec elle, mais elle m’a rapidement ignoré.
Ma mère a refusé catégoriquement que je ramène mon chien chez elle, qui a donc dû rester chez mes grands-parents. Juste avant ce retour chez elle, j’avais passé toutes les vacances d’été 97/98 en France (l’été en Nouvelle-Calédonie s’étale de Décembre à Mars) et nous sommes revenus en Nouvelle-Calédonie quelques jours avant le rentré des classes, je ne suis donc pas du tout retourné chez mes grands-parents. Mon chien étions tres proche, vraiment, et je suis encore convaincu aujourd’hui qu’il pensait que je l’avais abandonné. Il est mort tres peu de temps apres, il ne se nourrissait presque plus. C’est la que j’ai décidé que j’ai mis en place un plan pour ne plus avoir de chien. Si vous avez lu la 1ere newsletter, alors vous savez que tout ne s’est pas passé comme prévu de ce côté-là.
Les quelques années chez elles se passe plus ou moins bien, elle n’a pas vraiment changé et moi je suis un petit con qui pense tout mieux savoir que tout le monde. Je note cependant 2-3 détails importants, dont un : elle ne gagnait pas beaucoup d’argent, donc, tout ce qu’on mangeait était du 1er prix vraiment pas bon. Je trouvais ça normal jusqu’à ce que je découvre, dans ses affaires, des bonbons, du chocolat de marques etc., je me dis que c’est une surprise, que c’est pour nous, qu’elle attend une occasion pour nous les donner. Bah non, c’était pour elle toute seule.
De leur côté, mes grands-parents refusent de s’ennuyer depuis qu’ils sont partie de Houaïlou, ils ont acheté puis revendu un magasin de quartier, puis un tabac journaux et ils sont sur le point d’acheter un snack près du collège ou j’étais l’année précédente.
On saisie cette occasion pour créer ensemble un cyber café et salle de jeux en réseaux, le premier de Nouvelle-Calédonie. Je n’ai que 17 ans quand je participe à cette aventure. On est fin des années 90/début 2000, c’est le moment idéal. J’y étais d’ailleurs pendant les attentats du 11 septembre 2001, je discutais avec des Canadiens quand ils disent que les Etats-Unis se sont fait attaquer. D’abord, je ne les crois pas puis j’allume la TV et je vois les images en direct, comme pour presque toutes les personnes qui l’ont vécu, ce fut un choc.
Je ne suis pas tres bon à l’école, du moins, ça ne m’intéresse pas du tout et j’ai tres envie de découvrir le monde, ou au moins la France.
Départ pour la France, chez mon père
Je trouve une excuse pour me faire envoyer là-bas, chez mon père mais ça ne se passe pas tres bien. En effet, mon père prend d’un coup son rôle au sérieux, sauf que j’ai 20 ans et que je n’ai eu que 2-3 contacts avec lui auparavant et que je ne l’ai vu qu’une fois depuis ma venue en Nouvelle-Calédonie avec mes grands-parents, c’était lors de vacances fin 1997. Par contre, ça se passe super bien avec ma belle-mère, elle a un sacré caractère mais est particulièrement gentille, c’est elle qui pousse régulièrement mon père à prendre contact avec moi pour prendre des nouvelles.
Au bout de quelques mois, je rencontre Christelle, que je connaissais déjà via internet et qui avait vécu en Nouvelle-Calédonie mais on ne s’était jamais rencontré. Je lui dis que je n’aime pas la France et que je compte rentrer en NC, et elle me propose de venir chez elle quelques jours afin de voir autre chose. Je ne suis pas retourné chez mon père et j’ai vécu 2 ans avec elle.
Je lui ai fait vivre un enfer.
Je m’en suis rendu compte quelques années plus tard. Nous sommes toujours amis aujourd’hui et j’ai eu la chance de lui demander pardon. Il y a d’autres personnes pour lesquelles j’aimerais en faire autant, mais j’ai perdu leurs contacts.
Au bout d’un an de relation avec Christelle, ça se passe mal et je décide de rentrer en Nouvelle-Calédonie. Normalement, ce retour est sensé etre définitif mais ça ne se passe vraiment pas bien avec mes grands-parents, je sens une animosité constante, comme un reproche d’être là. Avec l’aide d’un de mes oncles, celui qui est aussi mon parrain, je retourne en France, c’est lui qui me paie mon billet d’avion. Mais je le fais sans prévenir mes grands-parents, qui le découvrirons alors que je suis déjà partie. Quand je vous disais que j’étais vraiment un connard.
Christelle et moi nous remettons ensemble mais ça ne se passe pas bien du tout, et mon comportement avec elle s’empire. Je ne m’en suis jamais pris à elle physiquement mais j’ai déjà donné un coup de poing dans un de ses murs ou j’ai fait un gros trou. Je n’en suis vraiment pas fier mais c’est celui que j’étais à l’époque, et pour pouvoir évoluer, il faut assumer.
Au bout d’un an, on se sépare à nouveau et cette fois c’est définitif.
J’ai eu d’autres histoires ensuite, mais je ne suis plus trop en contact avec elles maintenant. 2 ans plus tard, je reprends contact avec mes grands-parents et je décide de rentrer en NC.
L’oncle qui m’avait aidé à revenir en France prend tres mal le fait que j’ai repris contact avec mes grands-parents et quand je le croise en ville il me dit clairement de faire comme s’il n’existait plus. Je me suis senti tres mal car je n’ai vraiment pas compris, aujourd’hui encore je ne comprends pas mais je lui en veux, à cause de ce qui va suivre et je n’ai pas envie de reprendre contact avec lui.
Le début de mes soucis de santés
Quelques moi apres mon retour, on me diagnostique un kyste sacro-coccygien (je vous invite à ne pas chercher d’image sur internet, vraiment). Rien de bien grave car c’est bénin, même si on s’est sérieusement posé la question au début.
Je me fais opérer une première fois et pendant ma convalescence, le chirurgien qui m’a opéré me prend à partie lors d’une visite de contrôle et me demande si je trouve anormal de répondre sur son portable personnel en pleine opération. Je me demande s’il l’a fait pendant qu’il m’opérait, s’il l’a fait avec ses gants, s’il en a changé apres… sa question m’a vraiment fait stresser !
Pour refermer ce type de plaie, il faut faire ce qu’on appel un méchage, afin d’éviter que la peau ne se referme avant que la cavité créée par l’opération ne soit comblée. Cette mèche doit être changée tous les jours. Parfois même 2 fois par jours.
1 an et demi passe et cette plaie ne veut pas se refermer. Mon généraliste m’envoie vers un autre chirurgien pour avoir une 2eme avis. Celui-ci me dit : faut vous opérer à nouveau, et vite ! 2 Jours apres j’étais à nouveau à l’hôpital pour une deuxième opération. 6 mois plus tard, toujours pas fermé alors on décide de me réopérer. En tout, j’aurais subi 10 opérations et j’aurais été envoyé 2 fois en France pour me faire ausculter par des spécialistes. Puisqu’on est déjà à 9 pages, on est plus à ça près, alors je prends le temps de vous raconter ce qu’il s’est passé, car c’est épique !
Lors de ma 10eme opération, l’anesthésiste n’était pas tres chaud à l’idée de me faire une anesthésie générale car j’en ai déjà subi 9 et que le corps réagis de moins en moins efficacement, donc, les dosages deviennent de plus en plus délicats à faire. Je serais donc opéré sous péridurale et conscient pendant toute l’opération. Non, je ne suis pas stressé du tout, non non.
Je suis donc allongé sur le ventre, je ne sens plus du tout mes jambes et c’est une sensation tres étrange. D’un coup, il y a du mouvement qui fait bouger mon corps et une odeur de cramer. Je crois que mon cœur s’est emballé à ce moment-là car, l’infirmier anesthésiste qui était devant moi m’a demandé si ça allait. J’ai compris rapidement que l’opération avait en fait commencé mais que le chirurgien ne s’était pas annoncé. L’opération se poursuit et je suis quand même surpris des mouvements que je fais, c’est pas du tout comme dans les films ou les chirurgiens sont délicats et tout et tout, là non, ça bouge dans tous les sens !
A la fin de l’opération, le chirurgien vient à mon niveau pour me dire que ça s’est bien passé et je vois son visage, sauf que je ne le connais pas, je n’ai jamais vu la personne qui m’a opéré, ce n’est pas le chirurgien qui devait m’opéré à la base ! Puis il s’en va avant que j’aie pu dire le moindre mot…
Une fois dans ma chambre, quelques heures après l’opération, le chirurgien qui devait m’opérer entre dans la chambre et me dit : « il n’y avait pas une femme dans cette chambre ? » et avant que j’aie eu le temps de lui répondre, il me regarde en plissant les yeux et dit « je ne devais pas vous opérer vous ? » et finit par dire en repartant « Bon, j’ai dû oublier ». C’est la dernière fois que je l’ai vu.
Lors de ma 1ere évacuation sanitaire vers la France, je rencontre un professeur en chirurgie viscérale qui me dit que puisque c’est ouvert, il ne peut pas trop voir de quoi il retourne et qu’il faut que je repasse quand ce sera fermé. Or, ça fait 5 ans que je me fais opérer tous les 6 mois et ça ne s’est jamais refermé. Il n’entend rien et me dit de repasser quand ce sera fermé. Bon, je reste 6 mois en France à vadrouiller entre la famille et les amis jusqu’à ce que ma sécurité sociale me dise qu’il serait peut-être temps que je rentre, quand même (bien que je ne lui coute que les soins infirmier quotidien). Je rentre donc en NC pour y attendre que ça se referme.
Et je rencontre Manon, étudiante infirmière, et ça, ça va tout changer ! C’est elle qui va prendre en main mes soins désormais et, pour la 1ere fois en 5 ans, elle arrive à faire se fermer la plaie ! Je suis donc renvoyé en France pour revoir ce professeur qui regarde tout ça et qui me dit : bon, là c’est fermé, je ne vais pas toucher.
Putain, sérieux ? (Désolé)
Entre temps, ça s’est réouvert et refermé plusieurs fois, et ça va maintenant faire 12 ans que ça ne s’est pas rouvert, sous la supervision de mon infirmière personnelle :p
Bon, le sujet, ce sont quand même les personnes qui m’ont élevé, donc, quel rapport avec ces opérations ? Et bien un moment, l’un des chirurgiens que j’ai vus a dit à ma grand-mère que la climatisation pourrait m’aider à cicatriser, ce à quoi elle a répondu que quand les climatiseurs seront remboursés par la sécurité sociale, ils m’en installeront une. Cool, non ?
Enfin, au début de notre relation avec Manon, ma mère à tout fait pour la saboter, on nous a raconté les coups tordus qu’elle voulait mettre en place pour faire fuir Manon, jusqu’à raconter que je l’avais ramassé au bord de la route en suggérant que c’était une prostituée. Oui oui. Heureusement, on a surmonté tout ça, non sans difficultés, et maintenant, malgré tout, on est plus unis que jamais.
Tout ça pour dire que je n’ai pas forcément vécu dans un environnement sains toute ma vie et que, même si je sais tirer le bon dans tous ce qui m’est arrivé, même de pire, tout ça donne une certaine image de pourquoi je ne souhaitais pas avoir d’enfants, et surtout, de comment je ne l’élèverais pas ! Si je devais faire un enfant, c’est pour lui donner tout ce que j’ai et tout ce que je suis, pas pour qu’il subisse une vie qu’il n’a pas choisie. Si je fais un enfant, c’est ma responsabilité, à vie.
NOTE
Désolé, c’était trés long et j’ai hésité à découper tout ça en plusieurs parties, mais puisque les prochains post à propos de Zoé seront assez importants, le manque de contexte peut poser problème. Pour palier à tout ça, j’ai tout chapitré afin de le rendre plus digeste. Je n’ai pas encore tout écrit, au moment où j’écris ces lignes j’ai tout juste fini le brouillon du post qui parle du jour de la naissance de Zoé, donc je ne sais pas, mais dans le doute, je préféré tout publier d’un coup sur ce sujet.