A la base, j’avais écrit il y a presque 2 semaines ce que je comptais publier aujourd’hui, mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres car, c’est aujourd’hui que Zoé aurait dû avoir 2 ans.
Je ne sais pas si c’est pareil pour tous les parents d’enfant décédés, mais je passe beaucoup de temps à imaginer comment la vie aurait été avec elle. En ce moment, je l’imagine en train de courir partout dans la maison et de nous en faire voir de toutes les couleur, vue le caractère qu’elle avait, impossible qu’il en soit autrement.
Parfois je vais plus loin, j’imagine comment elle aurait pu réagir si elle avait tel ou tel âge face à la situation que j’étais en train de vivre. Comment elle voyait son père, est ce que j’arriverais à la faire rire autant que je le voudrais. Est-ce qu’on aurait été aussi complice que je l’imagine.
Je ne le saurais jamais.
Depuis une semaine environs, j’ai une boule au ventre, j’ai du mal à manger et à dormir sans médicament et ça devenait de pire en pire chaque jour et ce n’est qu’avant-hier que je me suis rendu compte que c’était lié à l’approche de son anniversaire.
J’ai plein de chose qui tourne en boucle dans ma tête. En temps normal, je me concentre beaucoup sur les bons moments, car j’ai partagé des moments incroyables avec elle, malgré les circonstances et j’aurais l’occasion d’en reparler, mais ces derniers jours me reviennent en tête uniquement les moments négatifs et ceux qui m’ont le plus traumatisé, comme la fois ou j’ai vu de la détresse dans son regard car sa crise d’épilepsie l’empêchait de respirer. Je voyais dans son regard qu’elle me demandait de l’aide. Impossible de m’enlever cette image de la tête depuis plusieurs jours, surtout quand j’essaie de dormir.
Du coup, je veille tard, tres tard et je vais me coucher quand je suis épuisé et que je sais que c’est mon corps qui va lâcher.
L’année dernière il s’est passé un évènement en Nouvelle-Calédonie, ce qu’on appelle les « exactions » ou un groupe d’extrémistes nationaliste a décidé, de façon coordonnés et organisés, de bruler un maximum de société (600) et de maison de particulier (200), il y a eu en tout 14 morts direct et probablement des 10ene, peut etre même des 10ene faute d’accès à des soins adéquat car ils avaient, par exemple, détruit les centre de dyalisé, des dispensaires ou agressait le personnel soignant qui se déplace à domicile, pour ne citer que ça.
Quand ces évènements ont eu lieux, on était en France et on redoutait déjà l’approche de l’anniversaire des 1 an de Zoé et ces événements ont un peu accaparé notre attention, on passait notre temps sur internet à essayer de prendre des nouvelles des amis ou de la famille et de comprendre ce qu’il se passait. Avec le décalage horaire, le 13 au matin c’était le 13 au soir en Nouvelle-Calédonie, donc on s’est tout pris dans la gueule au réveil.
Il faut aussi savoir que, à chaque fois que des images d’illustrations étaient utilisées par les différents journaux pour parler de ces événements, c’étaient des images de la rue principale pour aller chez mes grands-parents, ce qui ne rassurait pas du tout.
Aujourd’hui, ces extrémistes vont fêter le chaos et la destruction qu’ils ont causés il y a un an et tout ça va encore éclipser, au moins partiellement, ce moment particulier pour nous. Je que ces événements rendent le ressentiment de cette journée encore plus amer qu’elle ne le devrait.
Quelques jours avant son décès, on lui avait fait gouter de la fraise, et elle avait adoré ça. C’est donc naturellement qu’avec Manon et moi nous sommes dit qu’on allait faire un petit quelque chose pour marquer le coup, chaque année, avec quelque chose qu’elle aime, quelque chose à la fraise.
Etant donné les circonstances, on ne sait pas comment la journée va se passer, et on ne sait pas si on pourra facilement aller dans une boulangerie acheter un petit gâteau à la fraise, on a donc décidé de prendre les devant en faisant le tour aujourd’hui, mais impossible de trouver quoi que ce soit à la fraise, même pas de fraises congelées pour faire quelque chose nous-même. On s’est donc rabattu sur des beignets à la fraise. Manon est convaincue que Zoé aurait adoré mais j’ai tellement l’impression que ce n’est pas parfait et j’ai les boules de ne pas avoir trouvé le même gâteau à la fraise que celui qu’on lui avait fait gouter.
Ce souvenir est d’autant plus marquant que ça faisait plusieurs jours qu’elle n’arrivait plus à ouvrir la bouche, ses crises la crispait tellement qu’elle était coincée fermée. Et c’est quand on a vu qu’elle arrivait à ouvrir un peu la bouche et qu’on avait ce gâteau à la fraise qu’on a décidé de lui faire gouter. Le regard qu’elle a eu quand elle a eu ce bout de fraise dans la bouche, on avait l’impression qu’elle redécouvrait le monde. Je regrette aussi tellement qu’on n’ai pas tenté de lui faire gouter plus de choses mais on était tellement concentré sur elle et son confort au quotidien qu’on en a oublié les à coté qui pouvait peut-être aussi l’aider.
Bref, ce texte n’était pas du tout prévu. Au moment où j’écris ces lignes il est presque 1h du matin mais je ne voulais pas envoyer un simple texte que j’avais écris 2 semaines plus tôt qui n’aurait eu aucun rapport avec le caractère spécial de cette journée pour Zoé.
NOTE :
Ce texte n’a pas été relu par Manon, elle est déjà couchée et je le publie avant qu’elle se lève. Je suis donc désolé s’il y a plus de fautes que d’habitude ou si c’est moins structuré que je n’ai l’habitude de le faire, j’ai tout écrit sans réfléchir, d’une traite, car le titre de ce post me hante depuis plusieurs jours et il fallait que ça sorte.